Les gardiens


Watchmen

De Zack Snyder
Avec Jackie Earl Haley, Patrick Wilson, Malin Akerman, Matthew Goode
Dans un 1985 uchronique où la guerre froide est plus que jamais un sujet brûlant d'actualité, le Comédien, un ancien superhéros retiré, est assassiné. Ses anciens compagnons d'armes - le Hibou, le Spectre Soyeux, le docteur Manhattan, Ozymandias et Rorschach - sont contraints de faire face à un tueur qui, visiblement, en veut aux Watchmen.



Un film héro-tique?

Je ne m'étendrai pas trop sur la source du film, je pense que de nombreux sites et professionnels de la critique s'y sont frottés. Pour autant, je ne l'ignorerai pas et je vais m'y référer un tant soit peu.

Tout d'abord, afin de me situer parmi les spectateurs potentiels de ce film, disons que ma connaissance du sujet approchait de très près les -273,15 °C. Je dois avouer que j'ai cru, en découvrant la bande-annonce, que l'on retrouvait dans le film Batman et Iron Man (Le Comédien avait une tête à la Robert Downey Jr). D'ailleurs, petite anecdote, en découvrant la bande dessinée, je constate que l'on retrouve également du Captain America dans le costume du même Comédien.

Niveau super-héros, je n'ai pas de connaissances particulières. J'apprécie beaucoup les deux Batman de Tim Burton, ceux de Christopher Nolan et le Iron Man de Jon Favreau. Superman ne m'a jamais vraiment épaté, mais j'aime en revanche bien les X-Men (et pas que les deux de Bryan Singer). Les Fantastic Four sont une bonne idée, mais leur portage à l'écran n'est, je dois l'admettre pas très convaincant. Quant à Spiderman, c'est du bon, mais le personnage de Peter Parker m'irrite.

C'est donc innocent et vierge de tout a priori que j'ai abordé le film. Inutile de préciser que j'ignorais alors également tout de la BD.

En ressortant, j'ai eu beaucoup de peine à me prononcer sur ce film. En général, c'est qu'il y a, pour reprendre une expression anglophone que j'affectionne, more than meets the eye. Puis, je me suis mis à lire la BD. En découvrant peu à peu la critique d'une de mes sources favorites (Krinein.com, par exemple), j'ai commencé à comprendre ce qui provoquait cet état: le scénario - la bande-dessinée - est excellent et soulève une pléthore de questions. Le film est une très bonne copie de la bande-dessinée. Si 4 est la perfection (choix arbitraire) 1+2=... Il manque quelque chose au film une esthétique propre à Zack Snyder.

En effet, le film est bon, mais il n'est que le reflet de la bande-dessinée. Il lui manque donc de s'approprier l'écran au travers d'une esthétique, à la manière de ce qui avait été fait pour 300. Dans ce film, pas besoin de connaître la BD. L'esthétique cinématographique vaut à elle seule le film (bon, c'est en tout cas mon opinion). Dans le cas de Watchmen, on a un film sage et lisse... Mais où est le côté «sale» du dessin, ce côté «vieilles couleurs»? Quentin Tarantino a su donner à Pulp Fiction ce côté «roman d'occasion» écrit sur un papier jauni. Il manque à Watchmen sa justification à l'écran.

Pour autant, le film n'est pas mauvais. Les 2h40 du film s'avalent sans trop de problèmes et collent à la BD, pratiquement plan par plan dans certains cas. En revanche, le choix des acteurs est inégal. Tandis qu'Ozymandias/Veid est un peu fade, de même que Dreiberg/le Hibou, Rorschach est excellent et le Spectre Soyeux II se défend bien. Le Dr Manhattan n'est pas mal non plus. C'est un film que je reverrai avec beaucoup d'intérêt lors de sa sortie en DVD.


Gran Torino


Gran Torino

De Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Christopher Carley

Walt Kowalski vient d'enterrer son épouse. C'est un ancien de la guerre de Corée, peu sociable avec les étrangers, encore moins avec ses voisins viêtnamiens. Un jour pourtant, il devient malgré lui leur héros, en écartant les jeunes membres d'un gang. Un geste qui va changer le reste de sa vie.





Monsieur 100'000 Walts

Est-ce un bon Clint Eastwood? Quelque part, je ne m'en soucie que très peu. J'ai pris un énorme plaisir devant ce film, et c'est ce qui compte. Certes, il est peut-être moins difficile à aborder que d'autres œuvres telles que Midnight in the Garden of Good and Evil (1998) ou Unforgiven (1992), peut-être plus «grand public» - une formule que les critiques parfois pédants affectionnent et emploient pour qualifier un film comme étant «pas vraiment intellectuel parce que le message est très facile à comprendre»...

Pourtant, le résultat est là. Harry's back. Ou plutôt, l'inspecteur Harry est en retraite, ne le faites pas ch... Mais au-delà de la parenté apparente (si, si, ça doit pouvoir se dire) entre Walt Kowalski et Harry Callahan, il y a une profondeur de personnage... à la Clint Eastwood. Une réflexion sur le monde d'aujourd'hui. Et le plus fort, c'est que ce message que certains diraient être «le regard d'un vieux con» est d'une justesse incroyable. Et même si le sujet pouvait être casse-gueule à souhait, avec le risque de se trouver dans un conte à la Walt Disney (un autre Walt), ce film est de la dynamite à 100000 Walts (pardon, je n’ai pas pu m'en empêcher).

On y trouve de tout: du racisme facile avec des insultes type «face de nem» ou «rebut de rizière» mais très vite balancé par le racisme inversé avec des remarques type «sale blanc» ou «cul laiteux», puis le racisme entre races victimes du racisme, ou encore le racisme amical entre Walt le «polak» et Martin le «rital»...

Et la religion trouve une place admirable dans ce petit monde sur le point d'exploser. Le personnage du père Janovich (en fin de compte, je ne sais pas s'il y a un seul «américain de pure souche» dans ce film), incarné par Christopher Carley est une pure merveille. Moi qui suis plutôt à penser comme Walt Kowalski, je dois dire qu'il m'a bluffé et qu'il est admirable face à un personnage comme celui qu'incarne Clint Eastwood!

En résumé, ce film est une variante, une mise à jour, une amélioration d'un film comme La Haine (1995), ou encore American History X (Tony Kaye, 1999). Sans se focaliser sur le problème du racisme - le sujet est beaucoup plus vaste et touche à la société d'aujourd'hui qui se trouve presque dans une guerre perpétuelle -, Gran Torino appelle à la même réflexion: Tendre l'autre joue, ou appliquer la loi du Talion?

La nuit des morts-vivants


Night of the Living Dead

De George A. Romero
Avec Duan Jones, Judith O'Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman

Un groupe de personnes se retrouve bloqué dans une ferme, assiégée par une horde de morts qui se sont mis à marcher, et dont le seul objectif est de se repaître de viande fraîche.


Ich bin ein hamburger

Devenu un véritable film culte, le Night of the Living Dead de George Romero aborde des thèmes très actuels. C'est d'ailleurs une pratique qui sera un fil rouge chez ce réalisateur qui l'avoue volontiers: les zombies permettent de parler de nombreux thèmes. Pour une réalisation de 1968, qui plus est une réalisation indépendante, le film s'en sort plutôt bien. On ne retrouve pas ici le type de personnage «surjoué», ni la réalisation «bricolage» et ce, en dépit d'un budget relativement pauvre.

Remis dans son contexte, Night of the Living Dead est impressionnant. Outre le leadership d'un noir sur les blancs, on a également le thème d'une fillette qui dévore sa mère!!! Sans chercher de symbolique psychologique, il s'agit là d'un élément des plus impressionnants du film. Étonnant que la censure n'ait pas fait détruire le film. Il semblerait que l'obscurantisme ne date pas d'hier, mais plutôt bien d'aujourd'hui.

Au final, on assiste à un film certes daté (qualité de l'image et du son), mais qui s'en sort plutôt bien et qui réserve quelques bonnes surprises. Je suis très curieux de voir si le remake a su faire honneur à l'original (j'ai des doutes).

L'étrange histoire de Benjamin Button



The Curious Case of Benjamin Button

De David Fincher
Avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Julia Ormond, Tilda Swinton

L'histoire d'un homme qui nacquit physiquement âgé et mourru avec un physique de nouveau-né.




Turn the Button Up!

Au-delà du penchant (ou de l'aversion) que l'on peut avoir pour le duo Fincher/Pitt, déjà éprouvé par Se7en (1995) et Fight Club (1999), le film mérite qu'on s'y arrête pour plusieurs raisons. Tout d'abord, et c'est un aspect essentiel dans un film, le scénario est prenant à plus d'un titre. Deuxièmement, le film repose sur des effets spéciaux intéressants puisqu'il s'agit ici de créer un bébé ayant un corps de près de 90 ans, tout en conservant ses proportions de nouveau-né. Ensuite, en approchant du terme de l'histoire, Brad Pitt doit ressembler à un adolescent, avant que son personnage soit incarné par de véritables enfants. Simultanément, Cate Blanchett vieillit «dans le bon sens», mais elle doit également couvrir un personnage de sa petite enfance jusqu'à sa mort...

A mon sens, le pari est réussi car, hormis peut-être une impression de disproportion au niveau de la tête, Brad Pitt est saisissant de réalisme. Le petit vieux de seulement 8 ans combine sans difficultés le comportement d’un bambin et le physique d'une personne âgée. Autre coup de génie: le scénario place Benjamin dans un home pour personnes âgées... on évite ainsi l'explication d'un petit garçon vieux qui deviendrait vite un phénomène de foire dans la société.

J'ai dit que le scénario était prenant à plus d'un titre. Pourquoi? Déjà parce qu'il remet en question notre vision de ce qui est normal. Qui plus est, il nous montre que nous avons également des critères de normalité fortement liés à l'âge. D'une certaine manière, nous ne devrions jamais nous arrêter à l'apparence. Ne dit-on pas que «l'habit ne fait pas le moine»? Un enfant peut être mûr en apparence, mais il reste un enfant. De même, un vieil homme, si sénile soit-il, reste un homme avec toute une vie derrière lui.

D'une certaine manière, ce film me fait énormément penser à une autre histoire «pas comme les autres»... Souvenez-vous de Forrest Gump (1994), cet adulte qui avait le cerveau d'un enfant. Sa naïveté lui a permis de traverser le temps sans jamais s'arrêter sur ce que nous avons considéré comme des faits marquants. Serrer la main de JFK, courir sans s'arrêter mais sans cause, inventer le «Smile» par accident... Benjamin Button a une vie un peu similaire. Il va aussi connaître l'horreur de la guerre, l'amour, les affres de la vie et les fréquents passages de la mort. «Nous avions une invitée régulière», dit-il en parlant du home où il fut élevé. Et c'est très naïvement que j'ai rédigé ces lignes, puisque le scénariste n'est autre qu'Eric Roth, scénariste de ce même Forrest Gump!

En conclusion, ce film est très agréable, même si certaines «surprises» sont rapidement éventées - peut-être que cela ne sera pas le cas pour tout le monde. Quoiqu'il en soit, la découverte de cette «étrange histoire» est un merveilleux conte. On peut le prendre tel quel, ou réfléchir à tout ce qui se cache derrière, du second au millième degré.