Gran Torino


Gran Torino

De Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Christopher Carley

Walt Kowalski vient d'enterrer son épouse. C'est un ancien de la guerre de Corée, peu sociable avec les étrangers, encore moins avec ses voisins viêtnamiens. Un jour pourtant, il devient malgré lui leur héros, en écartant les jeunes membres d'un gang. Un geste qui va changer le reste de sa vie.





Monsieur 100'000 Walts

Est-ce un bon Clint Eastwood? Quelque part, je ne m'en soucie que très peu. J'ai pris un énorme plaisir devant ce film, et c'est ce qui compte. Certes, il est peut-être moins difficile à aborder que d'autres œuvres telles que Midnight in the Garden of Good and Evil (1998) ou Unforgiven (1992), peut-être plus «grand public» - une formule que les critiques parfois pédants affectionnent et emploient pour qualifier un film comme étant «pas vraiment intellectuel parce que le message est très facile à comprendre»...

Pourtant, le résultat est là. Harry's back. Ou plutôt, l'inspecteur Harry est en retraite, ne le faites pas ch... Mais au-delà de la parenté apparente (si, si, ça doit pouvoir se dire) entre Walt Kowalski et Harry Callahan, il y a une profondeur de personnage... à la Clint Eastwood. Une réflexion sur le monde d'aujourd'hui. Et le plus fort, c'est que ce message que certains diraient être «le regard d'un vieux con» est d'une justesse incroyable. Et même si le sujet pouvait être casse-gueule à souhait, avec le risque de se trouver dans un conte à la Walt Disney (un autre Walt), ce film est de la dynamite à 100000 Walts (pardon, je n’ai pas pu m'en empêcher).

On y trouve de tout: du racisme facile avec des insultes type «face de nem» ou «rebut de rizière» mais très vite balancé par le racisme inversé avec des remarques type «sale blanc» ou «cul laiteux», puis le racisme entre races victimes du racisme, ou encore le racisme amical entre Walt le «polak» et Martin le «rital»...

Et la religion trouve une place admirable dans ce petit monde sur le point d'exploser. Le personnage du père Janovich (en fin de compte, je ne sais pas s'il y a un seul «américain de pure souche» dans ce film), incarné par Christopher Carley est une pure merveille. Moi qui suis plutôt à penser comme Walt Kowalski, je dois dire qu'il m'a bluffé et qu'il est admirable face à un personnage comme celui qu'incarne Clint Eastwood!

En résumé, ce film est une variante, une mise à jour, une amélioration d'un film comme La Haine (1995), ou encore American History X (Tony Kaye, 1999). Sans se focaliser sur le problème du racisme - le sujet est beaucoup plus vaste et touche à la société d'aujourd'hui qui se trouve presque dans une guerre perpétuelle -, Gran Torino appelle à la même réflexion: Tendre l'autre joue, ou appliquer la loi du Talion?

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