Star Wars - The Force Awakens








Réalisateur: JJ Abrams

Avec: Harrison Ford, Carrie Fisher, Adam Driver, Daisy Ridley,...








Ca parle de quoi ?
Une trentaine d’années après l’épisode VI (Return of the Jedi – qui date tout de même de 1983, soit il y a plus de 30 ans…), les choses ne s’améliorent pas dans une galaxie, très, très lointaine. Si l’Empire est en déroute, un nouvel ordre tyrannique, le First Order est né de ses cendres. Celui-ci cherche à éliminer la New Republic. Cette dernière peut compter sur l’aide de la Résistance, placée sous le commandement de la princesse Leia.

Et ça vaut quoi ?
Si la vengeance est un plat qui se mange froid, Hollywood aime nous servir des plats réchauffés et des soupes tièdes. Vous connaissez déjà la trilogie d’origine et vous rappelez du premier épisode (le IV, intitulé A New Hope)? C’est la même histoire, à quelques détails près. On y retrouve beaucoup de scènes qui ont un sérieux goût de déjà-vu.
Alors oui, il s’agit aussi d’une forme d’hommage à cette série qui reprend du service. Mais franchement, difficile de trouver quelque chose de «génial». Certes, de nombreuses scènes sont très réussies, visuellement parlant, et le film évite de nombreux écueils qui avaient frappés la seconde trilogie, beaucoup trop dopée aux images de synthèse.
Et que dire du First Order? Kylo Ren n’est même pas l’ombre de Vador – ceci dit, c’est peut-être volontaire et il faudra attendre de voir le développement de ce personnage dans les futurs épisodes VIII et IX. Quant au Supreme Leader Snoke (mais qui lui a trouvé ce nom???), il est pour le moment un très pâle écho à l’Empereur Palpatine et fait plus penser aux créatures du Crystal Skull d'Indiana Jones (tien, un autre film au fort goût de réchauffé).

Et donc ?
A vrai dire, le film ne m’a pas laissé une grande impression si ce n’est de m’être ennuyé. L’histoire est prévisible et, comme l’on remarqué certains: il manque ici une notion de temporalité. Les choses vont vite, sans que l’on n’ait le temps de se poser de question. Il manque une impression de grandeur et d’espace. Dans l’épisode IV, A New Hope, les trajets semblaient durer. Les personnages avaient le temps de discuter et d’être approfondis. Ici tout est livré tout cru.
Quant aux «clins d’œil», ils sont tellement exagérés que cela frise parfois le ridicule, comme la scène de retrouvaille entre Han Solo (Harrison Ford) et Leia (Carrie Fisher). Face à face, ces deux acteurs qui ont pris un sacré coup de vieux se regardent sans mot dire. Puis Harrison Ford lâche un «You’ve changed your hair!»

Horns




Réalisateur: Alexandre Aja

Avec: Daniel Radcliffe, Juno Temple, James Remar, Kelli Garner, David Morse



  

Ca parle de quoi ?
Un jeune homme fou amoureux se fait plaquer par celle qu’il aime depuis qu’il est enfant. Le lendemain de la rupture, on la retrouve morte. Immédiatement, il est soupçonné de l’avoir tuée. Tout à coup, il se voit pousser des cornes qui ont un effet de sérum de vérité sur tous ses interlocuteurs. Il va alors mener l’enquête pour trouver le véritable coupable.

Et ça vaut quoi ?
Harry Potter a pris un sacré coup de vieux –même s’il reste jeune, qu’on se rassure- et s’en sort plutôt bien dans le rôle du jeune romantique autour de qui tout semble s’écrouler. On nage un peu dans un film qui mêlerait des allures de Mystic River (Clint Eastwood) avec une sorte de clin d’œil discret à une histoire comme celle de The Crow (Alex Proyas) avec une vengeance qui semble presque venir d'outre-tombe.
J’ai bien aimé ce côté sale et poisseux dans lequel on plonge dès l’arrivée des cornes. Poussés à  dire la vérité, les interlocuteurs d’Ig (Daniel Radcliffe) avouent parfois des choses bien crues et salaces. Attention donc, bien que relativement banales aujourd'hui, le film contient quelques scènes à ne pas mettre devant tous les yeux.

Et donc ?
J’ai bien aimé ce film et je pense que d’ici quelques temps, je le reverrai non sans un certain plaisir. Alexandra Aja m’avait déjà séduit avec son remake de la Colline a des yeux ou Mirrors (bien que moins inspiré). Il s’en sort ici très bien avec un film proprement réalisé et des acteurs qui, à mon goût, jouent juste.

Vampire, vous avez-dit vampire?


Fright Night (2011)

De Craig Gillespie
Avec Anton Yelchin, Colin Farrell, David Tennant, Toni Collette

Lorsque Charley Brewster découvre que son nouveau voisin n'est autre qu'un vampire, il va devoir tout faire pour l'arrêter et surtout survivre.




Il souffle désormais sur le cinéma un vent pire...


Lorsque je repense au Fright Night de Tom Holland, je ressens un peu l'effet de la madeleine de Proust. L'affiche (format géant) du film a trôné longtemps sur l'un des murs de ma chambre. Cela avait été une sacrée découverte: un film de vampire humoristique et jouant la carte de l'autodérision non sans une certaine finesse... un genre encore peu courant en 1985. Je n'attendais rien de ce remake. Mais il faudrait plutôt ici parler de de-make...
 
Du visuel

Comme le veut désormais la coutume, le film a été également projeté en 3D. A nouveau, je ne vois pas l'intérêt de la chose, puisque visuellement, le film est on ne peut plus plat. Aucun plan original, aucun effet spécial digne de ce nom. On nage dans le médiocre, avec une question qui revient souvent à l'esprit: l'équipe du film était-elle motivée?

Du charnel

Si j'ai parlé plus haut de de-make plutôt que de remake, c'est que ce film arrive à retirer ce qui faisait le corps de sa source. Fright Night version 1985 avait une forte touche d'humour, tout en ayant réussi à conserver une part de sérieux. Mais là, il n'y a plus rien. Certaines répliques ont été conservées dans un esprit similaire (je pense par exemple à la scène du crucifix ou Jerry Dandrige/Colin Farrell dit à Charley que s'il a la croix, a-t-il seulement la foi), mais on perd tout un pan de l'histoire. Ainsi, les insinuations de Jerry lorsqu'il est invité dans la maison de Charley Brewster (version de 1985) sont balayées en 2011.

Seule la modernisation de Peter Vincent apporte un angle différent, puisqu'il est ici question d'un magicien qui se produit à Las Vegas, avec tous les effets spéciaux en prime. Mais en dehors de cela, rien n'est véritablement apporté à l'histoire. Quant à savoir s'il faut voir une forme de moquerie de Twilight (d'une part Anton Yelchin pourrait rappeler Robert Pattinson et sa coupe capilaire, d'autre part on trouve une réplique faisant directement référence à la saga), j'émettrai de sérieux doutes.

Quant au jeu des acteurs, Colin Farrell offre une prestance adéquate en évitant de jouer, alors que les autres n'ont strictement plus rien à voir avec leurs "pendants" de 1985. Mention toute particulière au meilleur ami de Charley, Ed Lee, qui semble échappé d'une mauvaise série télévisée.

Du résultat

J'ai beau réfléchir, dans ce remake, il n'y a rien à sauver. L'histoire bascule après un tiers seulement du film dans une scène qui frise le ridicule le plus complet. Aussi, plus aucun suspense quant au fait que Jerry Dandrige est un vampire. On passe ensuite par une succession de scènes toutes aussi insignifiantes les unes que les autres et franchement déplacées. En résumé, le ridicule remplace l'humour. Pas sûr que ce soit la meilleure option pour un film du genre. D'ailleurs, il est assez surprenant de voir que le titre traduit de l'époque n'existe plus qu'au Québec. En effet, la version francophone pour l'Europe s'intitule simplement: Fright Night.

Post scriptum

Au final, on l'aura compris, Fright Night (2011) a vraiment été une déception alors que je partais sans aucune attente. En général, une déception se produit lorsque le résultat n'est pas à la hauteur. Je ne comprends pas le fait de faire un remake, si c'est pour ne reprendre qu'un tiers de l'histoire et d'inventer le reste avec du n'importe quoi. On est en présence d'un film qui n'est ni un vrai remake, ni un reboot. Peut-être un mauvais plagiat?

De l'eau pour les éléphants


Water For Elephants

De Francis Lawrence
Avec Reese Witherspoon, Robert Pattinson, Christoph Waltz

Jacob, fils d'immigrés polonais, est sur le point de devenir médecin. Pourtant, le jour de son examen, il apprend le décès de ses parents dans un accident de voyage. En 1931, la Grande Dépression n'épargne personne et Jacob se retrouve presque en un instant à la rue, sans le sou. Sa route va croiser celle d'un cirque itinérant où fait la connaissance de Marlène, l'écuyère vedette et épouse d'August, le directeur du cirque.



Et si la vie n'était qu'un spectacle sous un chapiteau?

Que pouvait-on attendre d'un casting comme celui-ci? Un acteur allemand catapulté par les Inglorious Bastards de Quentin Tarantino, un beau gosse révélé dans la saga Twilight et une actrice loin d'être célèbre pour des rôles inoubliables. Et pourtant, le résultat m'a emporté. En scène pour un tour de piste!

Du visuel

Avec un récit en forme de valse (un clin d'œil à Christoph?) qui nous entraine du présent au passé pour venir s'achever sur le présent, l'image s'adapte en conséquence. Lumière sombre et froid pour le présent (il pleut et le spectacle est terminé), lumière plutôt chaude, avec une teinte proche de ces anciennes photos jaunies pour le passé, y compris les jours de pluies. Et sans que la caméra n'effectue de mouvement particulier, j'en suis ressorti avec l'impression du cercle de la piste. C'est difficile à expliquer, mais les mouvements sont souvent des allées et venues à l'écran. August et la troupe vont acquérir des animaux et s'en repartent sur la route. Le cirque s'installe à un endroit, pour repartir ensuite. En conclusion, un aspect qui m'a séduit et m'est apparu comme ayant un sens.

Du charnel

Le récit adopte ici la formule de l'histoire dans l'histoire. Le lien est renforcé par le récit du Jacob présent, passant au passé avec les voix qui s'entremêlent. C'est un détail, mais cela fonctionne très bien. Si l'on voit où tout cela va mener les protagonistes, les personnages évitent à mon sens d'être des clichés trop lisses. Le dilemme de Marlène est particulièrement bien illustré entre l'homme a qui elle s'est éternellement promise (August, son époux) et celui qui attise son cœur (Jacob). Malgré cela, difficile d'être sûr qu'elle aime réellement Jacob et que ce n'est pas son tempérament qui la séduise, davantage que son physique.

La dualité entre August et Jacob est également très intéressante. L'un est un mélange de réaliste enthousiasmé, tandis que l'autre est un ingénu. Autour du trio central gravite le monde du cirque avec ses personnages loufoques et bariolés, vecteurs d'émotions dans une société alors durement touchée par la crise. Pour autant, le film évite toute analogie à la crise d'aujourd'hui et se concentre sur l'histoire, ce qui évite tout aspect moralisateur.

Du résultat

Le film tient la route et dispose de moments forts, sans pour autant tomber dans l'excès. Difficile, voire impossible, de deviner comment se terminera l'histoire. Une seule certitude, le personnage de Jacob s'en tire, puisqu'il est le conteur de l'histoire.

Post scriptum

Je n'aime pas le cirque avec les animaux. Dès lors, j'appréhende les histoires tournant autour de ce type de spectacle, surtout lorsqu'il s'agit de périodes du passé où les considérations pour les animaux n'étaient considérées que des lubies de bonnes femmes. Mais ici, ils ont une place importante avec un véritable rôle à tenir. Et pour cela, Francis Lawrence a fait un excellent travail, car ils n'apparaissent jamais comme des rôles véritablement secondaires.

Cheval de guerre


War Horse

De Steven Spielberg
Avec Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan, David Thewlis

Albert Narracott assiste à la naissance d'un pur-sang anglais qu'il surnomme Joey. Alors que le père d'Albert achète Joey sur un coup de tête, mettant en péril toute sa famille, Albert se lie fortement à Joey. Il ne sait alors pas encore qu'un lien exceptionnel va se lier entre eux et leur permettra de traverser l'horreur de la Grande Guerre.



Tendre comme un morceau de chocolat Poulain?

Après s'être attaqué à Tintin, Steven Spielberg revient hanter le grand écran avec un film plutôt surprenant. Edité par Disney, War Horse fait pourtant preuve d'une maturité dans son traitement et d'une plastique particulièrement remarquable. Qu'en est-il du film?

Du visuel

C'est sans aucun doute l'élément fort de ce film. Les plans sont splendides avec une photographie extraordinaire. Si l'on omet la scène finale où le filtre est à mon goût beaucoup trop prononcé pour être honnête (voyez l'affiche du film), les ambiances sont splendides. Que ce soit les terres de la ferme de Narracott, les champs de blés ou le front, l'image est véritablement soignée et elle renforce le récit. Outre le paysage, la mise en scène est également très travaillée avec une certaine retenue, tout en gardant le côté dur de la période historique. A titre d'exemple: deux jeunes frères vont être exécutés pour avoir tenté de déserter (le premier a entraîné le second pour lui sauver la vie). La scène est filmée en plongée avec les pales d'un moulin qui traversent l'écran. Les fusils font feu lorsque la pale cache les deux jeunes. Simple, mais efficace.

Du charnel

L'histoire est très bien menée, c'est un fait. Tout dans l'affiche (la disposition et le titre) indique que l'on va nous conter l'histoire d'un cheval. Et c'est ce que fait le film. Les personnages humains sont secondaires en ce sens qu'on ne les suit que lorsqu'ils sont à proximité du cheval. Pour autant, il ne s'agit pas d'un film avec un cheval qui parle ou dont les pensées nous sont expliquées en voix off. Les humains gardent leur ascendant sur le cheval durant tout le film.

Cela a pour effet d'avoir des approches différentes. Certains tombent sous le charme de Joey et souhaitent le protéger. Mais la plupart du film se déroule pendant la guerre, et la période ne se prête pas véritablement aux sentiments. Qui plus est pour un animal! Le plus fort, c'est que pour une bonne partie du film, Albert Narracott n'est pas présent. Il ne s'agit donc pas d'une poursuite avec de nombreux rendez-vous manqués. Joey vit sa vie durant la guerre, sans qu'Albert soit là.

Beaucoup d'acteurs sont des personnes peu connues, mais tous sont crédibles, même s'il est parfois surprenant d'avoir des Allemands qui parlent l'anglais entre eux. Peut-être que sur ce point, Steven Spielberg aurait pu faire un effort. Quant au cheval - enfin, plutôt aux chevaux, puisque huit auraient "tenu" le rôle de Joey adulte, quatre en jeune cheval et deux à l'état de poulain -, le jeu est très bien rendu et pour une fois, on évite l'écueil de l'anthropomorphisme. Cité dans le magazine Empire, Steven Spielberg confesse: "Lorsque je travaille sur un film avec Indy, je regarde Indiana Jones, pas le cheval qu'il chevauche... Soudainement, je me retrouve face au défi de faire un film où non seulement j'aurais à regarder le cheval, mais je devrais également convaincre les spectateurs de le regarder avec moi. J'ai dû faire attention à ce qu'il faisait et à comprendre ses sentiments. C'était une toute nouvelle expérience pour moi."

Du résultat

J'ai eu du mal à me motiver au départ (je ne voyais pas bien comment cela allait pouvoir être passionnant sur plus de deux heures. Pourtant, dès que j'ai remarqué la manière dont le fil conducteur allait être respecté (on ne suit que le cheval) sans tomber dans les travers habituels (animal qui parle, anthropomorphisme), alors j'ai été séduit. Et l'esthétique est tellement belle qu'on pourrait volontiers mettre le film en pause et contempler les scènes et décors.

De plus, le film a indéniablement une touche "rétro" dans sa manière de présenter les scènes. Certains moments, les charges notamment, m'ont rappelé les scènes à cheval de Birth of a Nation (1915, D. W. Griffith). Steven Spielberg lui-même admet que son film adopte un style de narration désuet. Mais cela permet de renforcer le lien avec l'époque décrite, sans pour autant tomber dans la fresque historique. A présent, la force du film, à savoir rester centré sur le cheval, est également sa faiblesse: les scènes où l'on retrouve Albert -sans Joey- perdent un peu d'intérêt. Mais les retrouvailles sont très poignantes.


Post scriptum

Comme de coutume avec Steven Spielberg, il est difficile de crier au génie. Certaines ficelles sont grosses, et il ressort souvent de ses films une certaine naïveté. Mais il est également difficile de lui jeter la pierre, surtout lorsqu'il livre un exercice comme celui-ci. Non seulement il a su s'affranchir du dangereux carcan mielleux de Disney, livrant ici un film avec des moments d'une grande intensité dramatique, mais en plus, il a un regard bien à lui. Pas vraiment contemplatif, mais pas hyperactif non plus. Après, il ne tient qu'au spectateur de se laisser entraîner... ou pas. Pour ma part, je reviens d'un beau, mais terrible, voyage.

Sherlock Holmes: Jeux d'ombres



Sherlock Holmes: A Game of Shadows

De Guy Ritchie
Avec Robert Downey Jr., Jude Law, Noomi Rapace, Jared Harris

Holmes doit faire face à un adversaire de taille, doté d'une grande intelligence et totalement dépourvu de scrupules, qui menace l'équilibre entre les nations d'Europe. C'est la confrontation avec son célèbre ennemi: le professeur James Moriarty.





Un deuxième épisode loin d'être élémentaire?

Amorcée dans le premier opus, la présence de James Moriarty, ennemi mortel de Sherlock Holmes devient ici le centre de l'histoire. Une confrontation dotée de plus d'action, de plus d'humour et, of course, de plus d'excentricité.

Du visuel

La touche visuelle de Guy Ritchie est ici de retour. Le générique offre une belle entrée en matière, plongeant le spectateur dans une mise en abîme: l'histoire débute par un Watson qui nous relate ses aventures avec Holmes, lui-même personnage littéraire né de la plume de Sir Arthur Conan Doyle, lui-même médecin. A cela viennent s'ajouter une image avec cette luminosité qui semble illustrer les brumes recouvrant les mystères de Londres, ainsi que ces effets de ralenti utilisés pour nous montrer la réflexion de Holmes. Cela ne conviendra pas à tout le monde. Personnellement, j'adore, car le style se justifie dans le récit et n'est pas qu'un artifice esthétique.

Du charnel

Si le premier opus m'avait fait passer un bon moment (voir la critique ici sur Stekhouse), je lui avais trouvé une certaine longueur. Ici, ce n'est plus le cas. Tant mieux ou tant pis. Cela va assez vite, mais sans que l'on soit obligatoirement largué. Robert Downey Jr est toujours aussi fantasque, et cela colle parfaitement au ton que le film semble vouloir adopter.

Qu'il soit en position de force, ou totalement à la merci de son ennemi, Holmes ne semble jamais dépassé, sans pour autant paraître comme un héros invincible. Le personnage ressemble plus au chat qui retombe invariablement sur ses pattes. Je préciserai que j'apprécie davantage ce rôle que celui de Stark dans Iron Man 2 (voir la critique ici, également sur Stekhouse). Dans ce dernier, Robert Downey Jr. devient presque fatigant tellement son personnage est agité.

Jude Law n'est pas en reste et sa prestation à l'écran donne l'impression d'un beau duo, un peu à l'image de Daniel Wilde et Brett Sinclair (Amicalement Vôtre). J'espère simplement que ce n'est pas feint, contrairement à la paire composée de Tony Curtis et Roger Moore. Ce serait tellement dommage! Le professeur James Moriarty est aussi très bien incarné, même si on pourrait reprocher à Jared Harris de ne pas avoir une gueule davantage typée. Ceci dit, il offre une très bonne prestation et se montre à la hauteur de son adversaire et je dois reconnaître que son physique offre une dualité entre un physique de «professeur» et un esprit de «criminel».

Du résultat

J'ai passé un très bon moment et même si la version que j'ai vue était en français, c'est à mon avis une bonne surprise. Guy Ritchie a su monter un film qui poursuit et prolonge le premier, à tel point qu'on pourrait se laisser aller à parler de diptyque (cela nous change de la mode des trilogies). Tout est là pour que le film soit à la fois plus accessible que le premier (le rythme est plus rapide et l'action davantage en place), sans pour autant céder au produit commercial.

Le point qui m'a particulièrement séduit est la fin du film. Sans en dire trop, je soulignerai simplement que Guy Ritchie a très bien su composer entre la fin de Sherlock Homes et le happy end, sans tomber dans la grosse ficelle hollywoodienne.


Post scriptum

Je ne sais pas le succès que le film aura au final, mais la recette a donné un produit très agréable. A présent, un dilemme se pose à Guy Ritchie: faut-il en rester là, ou poursuivre avec peut-être l'adaptation (ou l'inspiration) d'un autre récit des aventures du célèbre détective? J'ajouterai encore que la musique du film est également un élément très agréable qui complète le tableau.

Jeann d'Arc



Jeanne d'Arc

De Luc Besson
Avec Milla Jovovich, John Malkovich, Faye Dunaway, Dustin Hoffman

Après avoir assisté au massacre de sa sœur par les envahisseurs anglais, Jeanne entend des voix qui lui ordonnent de couronner le Dauphin de France et de chasser les Anglais.





Jeanne, ou l’idéal de la femme au foyer

Luc Besson livre ici «son» histoire, basée sur le personnage de Jeanne, la «Pucelle d'Orléans». Il n’est donc ici pas question d’une reconstitution authentique ou d’une biographie exhaustive. On suit bien la jeune Jeanne de son enfance à sa mort, mais à grand renforts d’ellipses. Et si les moments clés sont bel et bien présents, on ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment de raccourcis et de simplifications.

Du visuel

L’aspect filmique du long-métrage est inégal. Impossible de savoir si le fait que le réalisateur et la vedette étaient soi-disant «ensemble» à l’époque du tournage, mais Milla Jovovich est presque toujours au centre de l’écran. Bien entendu, on pourra trouver une signification à cela, comme si l’image venait souligner le propos du film (j’y reviendrai plus tard). Cependant, les «transes» de Jeanne sont à mi-chemin entre un clip de la fin des années 80 et un clip de Pink Floyd, la musique en moins. Fondamentalement, cela n'a pas été rebutant. Mais au terme du film, aucune séquence ne m'a particulièrement ému par ses couleurs, sa lumière ou sa mise en scène.
Pour celles-et ceux qui sont sensibles au sang et à la violence, sachez que si les premières batailles sont étrangement propres, cela part vite en bain de sang, avec décapitations et amputations diverses par la suite.


Du charnel

Plus je connais Luc Besson au travers de ses films, plus j'ai l'impression qu'il s'agit d'un homme avec un certain talent, mais en régression sur le fond de ses œuvres. Si des Subway (1985), Nikita (1990) ou Léon (1994), voire Le grand bleu (1988), constituaient des histoires dotées de personnages profonds, il n'en est plus de même avec des films du calibre d'un Cinquième élément (1997), ni même The Lady (2011) que je traiterai prochainement.

Pour autant, le personnage de Jeanne d'Arc n'est pas creux. Elle passe plus pour une folle illuminée que pour l'héroïne qui libéra la France (du moins, celle que l'on présente dans les livres d'histoire). Si cette approche peut surprendre, elle se tient jusqu'au terme du récit et donne même lieu à des réflexions très intéressantes lors de ses discussions avec Dieu ("incarné" par Dustin Hoffman).

En revanche, les autres personnages sont vides. John Malkovich, Vincent Cassel,... Peut-être que Faye Dunaway est la seule à s'en sortir avec un semblant de consistance. Le reste n'est que décorum. C'est d'autant plus dommage que ces acteurs jouent très bien... J'ai simplement eu l'impression que les découpes faites au montage ont fait passer à la poubelle de nombreuses scènes qui manquent.

Du résultat

Jeanne d'Arc by Luc Besson, c'est une belle tapisserie qui est mal assemblée et laisse paraître le jour en de nombreux endroits. Chaque détail est intéressant, mais sitôt que l'on prend du recul, c'est imparfait et grossier. Si je n'aime pas beaucoup les films se basant sur des faits historiques, mais qui se veulent avant tout des fictions (autant inventer une histoire), cela ne m'a ici pas dérangé outre mesure. En effet, qui peut assurer ou prouver tel ou tel fait concernant Jeanne d'Arc? Certains éléments semblent plus ou moins acceptés par les historiens, d'autres sont plus sujets à discussion.

Le point fort est sans nul doute la discussion entre Jeanne et Dieu. Elle implore son aide, affirmant ne pas comprendre pourquoi il la plonge dans le malheur, elle qui n'a fait que suivre ses ordres. Mais Lui démontre qu'il n'a jamais «dit» quoi que ce soit. Il lui montre que les «signes» perçus sont le fruit de sa propre interprétation. A ce propos, je recommande la vision de la scène de la découverte de l'épée. Un moment drôle, à la limite d'être hors de propos. Plus sérieusement, ces diverses discussions sont un questionnement profond de ce qu'est la foi et du détournement que l'on peut en faire. Hélas, ce ne sont que cinq petites minutes dans un film de plus de 2h!


Post scriptum

Jeanne d'Arc, c'est un projet trop grand qui aurait pu être une série à la manière des Tudors. A moins d'être très au fait de l'histoire de France et de la période concernée, la notion de temps est très difficile à appréhender. Les batailles s'enchaînent-elles? Y a-t-il un répit entre celles-ci? En conclusion, si je devais m'adresser à Luc Besson, j'aurais à nouveau envie d'utiliser cette réplique de Cyrano de Bergerac: C'est un peu court, jeune homme!