Ennemis publics


Public Ennemies


De Michael Mann
Avec Johnny Depp, Christian Bale, Marion Cotillard

Splendeur et décadence de John Dillinger, l'un des derniers grands bandits des États-Unis.



Incorruptible c'est bien, deux c'est trop.

Électrocardiogramme plat, on a perdu le patient... et Michael Mann perd le spectateur. Que voilà un film mou et vide. Ce qui est surprenant, c'est que le casting complet - à deux exceptions près - semble frappé par ce néant. Si l'on raillait Nicolas Cage en l'appelant «l'homme au un visage», Christian Bale pourra sans autre endosser le rôle d'un nouveau super-héros: «void man». Marion Cottillard est tellement fade qu'elle peut sans problèmes être remplacée par une autre. Quant aux autres acteurs, ils sont touchés par une froideur involontaire qui n'a d'égale que l'esthétique du film

Personnellement, j'ai eu tout d'abord un certain plaisir à constater que le film démarre avec un ton et une image qui s'approche du documentaire. Pour une fois, les sons de fusillades semblent beaucoup plus réalistes. C'est bien simple: j'ai eu l'impression de me trouver non loin d'un stand de tir! Hélas, très vite on remarque des éléments qui viennent ternir le film. A l'instar de cet otage que Dillinger tient en bouclier: alors que le brigand tire avec sa mitrailleuse par-dessus l'épaule de l'otage, ce dernier ne semble en rien incommodé par le bruit...

Et si l'on en croit le site de The Internet Movie Database (Imdb pour les intimes), les anachronismes, mauvais raccords et autres erreurs sont légions!

Mais le plus frustrant, et je sais que je ne suis pas le seul à partager ce point de vue, c'est que le film ne fait qu'effleurer de nombreuses questions soulevées: que penser des méthodes préconisées par J. Edgar Hoover pour le FBI? Surtout si l'on met cela en parallèle à la récente polémique sur les méthodes de travail de la CIA... Et pourquoi le personnage de Purvis (Christian Bale) est-il si plat? Quid de ses interrogations? La petite phrase sur son suicide près de 30 ans après sa démission n'a aucun sens réel... (démission en 1934 et mort en 1960!!!). Et que penser de l'arrivée du crime organisé face au grand banditisme, ce qui forcera la police à revoir sa façon de travailler?

Le seul personnage qui tire son épingle du jeu est, et c'est un constat sans surprise, John Dillinger (Johnny Depp) qui bénéficie d'une scène extraordinaire et presque surréaliste (la visite au commissariat de Chicago), et d'une certaine forme de mise en abîme avec le film «Mahattan Melodrama» (Woodbrige Strong Van Dyke II, 1934) avec un Clark Gable qui joue le même rôle d'ennemi public numéro 1. Sinon, quel dommage et quel ratage!

On passe au final à côté de ce qui aurait pu être une grande histoire pour se retrouver avec un patchwork hétéroclite de faits plus ou moins historiques. Pour terminer sur un point positif, on appréciera le fait que pour une fois, il est impossible de sympathiser pour l'un ou l'autre des héros de l'histoire. Purvis est tellement vide et plat qu'il n'est pas sympathique, et Dillinger est bien trop insouciant pour que l'on s'imagine un instant qu'il s'en sorte indemne.

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